mercredi 3 février 2016

Un Petit Bout de la Loire



Retour sur le blog après une longue absence consacrée à la méditation transcendentale. Les Ecoenologistes sont pleins de bonnes résolutions, comme il se doit en ce mois de janvier : boire énormément, encourager l'usage  des pesticides, soutenir les propriétés rachetées par des banques ou des sociétés d'assurance. Ou peut-être est-ce le contraire, je ne sais plus ce qu'on avait dit à la dernière réunion.

Une dégustation par mois assortie d'un article sur le blog, est-ce possible ? L'avenir nous le dira. En tout cas on attaque cette année 2016 avec un effectif conséquent : 13 dégustateurs autour de vins de Loire issus des appellations Anjou, Bourgueil, Saint-Nicolas de Bourgueil. Le fil conducteur, outre la région, c'est une idée, peut-être un peu vague mais sincère, de construire un réseau : vins de potes, vin du pote d'un pote, vin d'une petite propriété, d'un "Vigneron Indépendant", vin Bio, Terra Vitis. Bref, des vignerons avec un discours et une éthique qui nous parlent.

Les vins de Loire, c'est un thème qui pourrait nous occuper toute l'année : Depuis les Muscadet du pays nantais (toute la Basse-Loire autour de Nantes) jusqu'au Pouilly et Sancerre du centre de la France en passant par la Touraine et l'Anjou qui nous intéressent aujourd'hui.

Pour les rouges, ce sont des expressions du Cabernet Franc que nous dégustons. C'est le cépage des Bourgueil, cette AOC de 1937 située à l'ouest de Tours et qui s'étend sur 7 communes (une appellation spécifique est réservée au village de Saint Nicolas de Bourgueil.) Autour d'Angers, les vins d'Anjou et de Saumur sont d'une variété exceptionnelle et le Cabernet est aussi fortement présent. Chez nous, à Bordeaux, Le Cabernet Franc fait souvent partie des assemblages, mais toujours dans des proportions modestes. On en trouve particulièrement autour de Saint-Emilion. On lui préfère le Cabernet Sauvignon, plus tannique, plus acide et donc plus apte au vieillissement. Ces Cabernets Francs de la Loire donnent des vins plus légers, aux aromes de petits fruits rouges, parfois avec des notes animales.

Voici les vins dégustés ce soir-là :

- Domaine Ogereau, Anjou, Val de Loire, 2013
- Chevrette des vignobles Lorieux, Saint-Nicolas de Bourgueil 2014
- Chevrette des vignobles Lorieux, Bourgueil 2014
- Clos de l'Abbaye, Bourgueil 2013 Bio
- Clos de l'Abbaye, Bourgueil 2011 Bio

Et c'est parti :

Domaine Ogereau, Anjou 2013


La bouteille a été ramenée du dernier Salon des Vignerons Indépendants de Bordeaux. C'est une propriété qui est née en 1890 et dont Vincent et Catherine Ogereau s'occupent depuis 1989.

Ils font peut-être les frais de nos palais bordelais, les premières remarques entendues (nous assumons notre candeur) font état de l'absence de tannins et de légèreté (11.50°, chez nous c'est presque une légende que nous racontaient nos grands-parents) Un vin très rond avec peu d'acidité, assez clair. Des notes de cuir, d'épices surtout, une bouche agréable mais un peu trop fluide et trop court en bouche. Moyenne des notes 5/10. Mais nous retournerons volontiers les voir au prochain salon puisqu'ils nous avaient séduits l'an passé.



Chevrette 2014, Saint Nicolas de Bourgueil, Vignobles Lorieux


4ème génération sur ce domaine de 15 Ha. Michel Lorieux travaille également sur le Clos de l'Abbaye que nous dégustons ensuite et ce sont ces derniers qui nous font gentiment passer deux flacons sur les appellations Bourgueil et Saint Nicolas.

Une puissance aromatique remarquable, notes poivrées et des fruits rouges en attaque avec une bonne acidité et un bon équilibre. Madame la Présidente lui trouve des aromes d'Armagnac (ça va Laure ?) mais l'aurait apprécié plus long en bouche. Ecoeno-Jean-Luc l'élit quant à lui : "meilleur Bourgueil de la soirée.", quand Nico Vermillon aurait apprécié un développement plus complexe. Mais la richesse aromatique et l'équilibre entre épices et fruits rouges a charmé la plupart des convives qui attribuent une note moyenne de 7/10 (ceux qui s'amusent à mettre des 6,9/10 se chargeront de calculer les moyennes la prochaine fois !)

Chevrette 2014, Bourgueil, Vignobles Lorieux


Quand le Saint Nicolas poussait sur des terrasses sableuses de la Loire, la version Bourgueil des Vignobles Lorieux est un vin "de graviers" : des terroirs graveleux et argilo-calcaires censés donner des vins plus charnus et plus tanniques. Qu'en est-il ? On retrouve un vin à forte expression, épicé et fruité au nez puis en bouche, bien équilibré. Plusieurs dégustateurs lui trouvent plus de complexité, excepté Jean-Luc, toujours sous le charme du Saint Nicolas et gêné par une acidité qui apparait à d'autres comme participant d'un bel équilibre. Note moyenne : 7/10.

Si on se dispute gentiment sur celui qu'on a préféré, l'impression générale sur les vins "Chevrette" est donc plutôt très bonne.

Clos de l'Abbaye 2013, Bourgueil Bio

Les vignes se trouvent autour de l'Abbaye de Bourgueil et constitueraient le plus ancien vignoble encore exploité. Ca remonte au XIème siècle et depuis 1975 Michel et Joëlle Lorieux s'occupent du domaine, converti à l'agriculture biologique en 1998.

Un nez "agréablement complexe", acidulé et fin. On retrouve un côté épicé mais la bouche déçoit un peu : trop acidulée, légèrement asséchante, du fait sans doute de sa jeunesse. Une rondeur plaisante et des arômes de petits fruits rouges, mais pas tout à fait équilibré. Pas le meilleur moment pour l'apprécier, mais les qualités du Clos ne feront plus de doute avec le flacon suivant. Note moyenne 6.5/10


Clos de l'Abbaye 2011, Bourgueil Bio


Et voici la petite claque assénée par nos amis de Bourgueil à nombre de vins de chez nous qui ont la tentation de sur-vendre leur appellation. Le millésime 2011 du Clos de l'Abbaye est remarquable et fait l'unanimité. Fin, délicat. "Le vin le plus abouti, complexe et bien équilibré", "des notes de fruits et d'épices qui remplissent la bouche", un peu de sucrosité et du croquant, puissant et persistant en finale. N'en jetez plus. Un très beau vin auquel on ne trouve que des qualités.

Note moyenne : 9/10

Impression générale sur la dégustation : Certains connaissaient déjà ces appellations, mais pour les autres, le niveau moyen s'est avéré de haute tenue. Le fameux "rapport qualité/prix" est assez épatant puisque tous ces vins coûtent entre 6 et 10 € (quand le traditionnel jeu du "juste prix" évaluait les premiers autour de 12, encore une malformation bordelaise...). Les atouts charmes de ces Cabernets de Loire :   La plénitude aromatique des meilleurs vins, un équilibre remarquable et la place du fruit, des épices sans tannins trop envahissants.

On a aussi dégusté des blancs. On en parlera ultérieurement, cet article est déjà bien long ...





lundi 24 mars 2014

Visite du Château Courtey - 22 mars 2014


Soucieux de se recentrer sur les fondamentaux des principes Ecoenologistes, "du vin, du bon, du bio et du durable", voici les Ecoenologistes partis à la rencontre de Norbert DEPAIRE et son domaine, le Château Courtey. 

L’exploitation de 9 ha est située à Saint Martial (33), dans l’aire d’appellation d’origine contrôlée "Côtes de Bordeaux Saint-Macaire", à 50 km au sud de Bordeaux, sur les coteaux de la rive droite de la Garonne. L’AOC d’une superficie de 65ha (10 communes), est une enclave dans la très vaste région viticole de l’Entre deux mers (7 000 ha), en limite des liquoreux (Loupiac et Ste Croix du Mont).



Sur l'exploitation, les parcelles enherbées (favorise la vie et la portance du sol, maîtrise de l’érosion) sont cultivées en agriculture biologique depuis 2002.



Le domaine produit des vins blancs et liquoreux (caractéristiques de l’appellation) mais également des rouges. Les cépages représentés sont :
  • En blanc : 40% sauvignon blanc / 40 % sauvignon gris / 10% Muscadelle / 10 % sémillon (les conditions climatiques sur la zone viticole sont propices, notamment, au développement de la pourriture noble du sémillon, le Botrytis)
  • En rouge : Cabernet / Merlot

Norbert introduit la dégustation par les vins en cours d’élevage, avant assemblage. Au chai, la dégustation pas à pas... 

Les blancs :
  • Barrique en chêne américain 2013
  • barrique en acacia 2012, davantage de gras en bouche, lié aux arômes du sémillon (noisette, pêche avec des notes de cire d’abeille, de fleurs d’acacias), renforcé par l’essence même du bois de barrique. Le contraste est très marqué avec la barrique en chêne américain.
  • barrique 2011 en fin d’élevage. Bel équilibre, arômes de fruits blancs (pêche, poire, litchi). Grâce à ses qualités, le Sémillon est complémentaire du Sauvignon (arômes végétaux), auquel il apporte de la rondeur en bouche.

Les rouges :
  • Barriques de Merlot de 2013 à 2012, présentant là encore davantage de rondeur au cours de l’élevage. Des arômes empyreumatiques en 1er nez (café, chocolat, caramel) et de fruits rouges en 2e nez.
  • Barrique de Cabernet 2013 : une astringence caractéristique du cépage, accentuée sur un vin jeune.



Une fois les spécificités des différents bois de barriques, des cépages et leurs évolutions identifiées, la dégustation se poursuit avec la découverte des différentes gammes de vin. 

Si toutes les barriques sont différentes, les assemblages de Norbert le sont également d’une année à l’autre, suivant les évolutions de chaque cépage. De fait, nous découvrons une gamme très riche pour le plus grand plaisir de nos papilles… :

  • Cuvée Jean (Blanc sec)
  • Cuvée Cigale 2011 (Rouge) : 100 % Cabernet. Des arômes de fruits cassis ô combien agréables, une longueur en bouche.
  • Cuvée A Léon 2008 (Rouge) : assemblage Cabernet / Merlot
  • Cuvée A Margo 2010 (Rouge) : assemblage 55% Cabernet / 45% Merlot
  • Cuvée Margo 2009 : assemblage 70% Cabernet / 30% Merlot. Des arômes de poivre qui apportent une belle note épicée. Toujours une persistance en bouche. Il a été question également de Bergamote mais je ne me souviens plus précisément à quel vin l'attribuer.




Et en guise de désert, la cuvée Vieilles vignes 2007 (liquoreux) : un vin gourmand, des arômes de fruits confits (pruneaux), de miel, de litchi.




Quel plaisir de déguster autant de Cabernets avec du corps et d'en apprécier tous leurs arômes, dans un contexte de merlotisation des vins pour satisfaire le plus grand nombre de consommateurs.


Au terme de plusieurs heures d’échange et de travaux pratiques nous prenons congés de notre hôte, ravis de cette découverte initiatique du château Courtey et de la convivialité de son propriétaire, Norbert DEPAIRE. 





A bientôt !

samedi 29 juin 2013

Opération déstockage - séance juin 2013

Pour cette dégustation de fin d'année, notre camarade représentant de Bordeaux caractères nous a fait une proposition décente que nous ne pouvions pas refuser, être les cobayes pour la dégustation de quelques bouteilles. Nous étions prévenus, avec plus de 10 flacons à l'essai, l'exercice allait être délicat. La dégustation s'est déroulée en commençant par les blancs (2) puis les rouges par grandes familles : les Côtes-de-Bourg, les  Graves, les Médocs.

Voici ce qu'il en résulte, dans le désordre :

- Château d'Archembau (Grave) : domaine situé sur la commune d'Illats, appartenant à la famille Dubourdieu depuis plusieurs générations. Le vignoble s'étend sur une 20aines d'hectares et ... hum c'était bon !
- Château de Noaillac (Médoc) : Pour mémoire (car on nous a confisqué nos notes) vin de cliché : les hommes ont aimé son côté animal, les femmes n'ont pas aimé son côté animal
Château Beau-site Haut Vignoble (St Estèphe) : Famille Braquessac depuis 6 générations. 19 ha. 55% Cabernet Sauvignon, 40% Merlot, 5% Petit Verdot. Beau fruit, puissant dans les tanins.
Apparaît dans Orange Mécanique !
Château De la Grave (Côtes de Bourg) : Famille Bassereau depuis 1900. 45 ha. 60% Merlot, 30% Cabernet Sauvignon, 10% Malbec.
Vin rustique caractéristique de son terroir, tout comme son voisin de Blaye ci-après.
Château Cap St Martin (Côtes de Bordeaux) : Blaye. Famille Ardoin depuis 1904. 17 ha. 95% Merlot, 5% Cabernet Sauvignon.
Château de Landiras (Grave) : Des partisans du 2003, des partisans du 2006. En tout cas beau fruit, plaisant au nez et à la bouche.
- Château Moulin de Ségurat (Grave) : Illats. Blancs : 50% Sauvignon, 50% Sémillon / Rouges : 85% Merlot, 15% Cabernet Sauvignon
Château Lamothe Vincent (Bordeaux) : ....
Château Meyre (Haut-Médoc) : 15,5 ha. 40% Cabernet Sauvignon, 35% Merlot, 15% Cabernet Franc, 10% Petit Verdot

J'en oublie peut-être, je crois qu'on a dénombré 13 bouteilles à la dégustation, c'est beaucoup de concentration.


A bientôt pour un audit du Jura !

Les vins blancs mono-cépage - séance février 2013

Après une séance sur les arômes en début d'année, les écoenologistes ont souhaité poursuivre leur démarche empirique avec une séance sur les vins blancs mono-cépage. Cette séance orchestrée par et chez Aude nous a conduit dans trois régions viticoles.

Au commencement, il y a le Chardonnay, cépage ô combien populaire qui détient le palmarès du cépage le plus cultivé dans le monde ! Sa région d'origine reste la Bourgogne, nous reprenons donc les fondamentaux avec la dégustation d'un Chablis du Domaine Bernard Defaix - millésime 2011. Conduite des vignes en Bio, élevage sur lies fines de 8 à 12 mois en fonction des crus. Du fruit, de la fraîcheur, un Chablis agréable.


Descente au sud de la Bourgogne avec la découverte d'un Bourgogne Côte Chalonnaise "Les Clous" -  millésime 2010.  "La très petite superficie de l'appellation en fait l'un des secrets de la Bourgogne", dixit le domaine. Une belle découverte en tout cas, pour ce vin gourmand.

Changement de cépage et de région, nous évoluons vers le Sauvignon.
Dégustation d'un Sancerre du domaine Vacheron. Le vignoble situé en plein cœur de la commune de Sancerre est le premier domaine de Sancerre certifié en culture biodynamie, depuis 2006. Une des grandes propriétés de la région.

Enfin, retour au pays avec un Pessac-Léognan 2010 du Chateau Lafargue. Vin estampillé "Vigneron indépendant". Digne d'un grave, un vin fruité, de la rondeur au palais. La cuvée est un assemblage de Sauvignon Blanc et de Sauvignon Gris, vinifié et élevé en barriques neuves.

Comme d'habitude une belle séance qui s'est clôturée autour d'un vin moelleux. La cuvée mystère sortie du chapeau de la famille Fourteau. Parfaite pour accompagner les verrines de pommes-spéculoos !

Du "vin bio" depuis 2012 !

Entre l'élevage du raisin et la mise en bouteille, une ombre planait sur les vins dits bio. Aujourd'hui le cadre réglementaire est posé, les règles de la vinification s'appliquent depuis août 2012. De la vigne au chai, plus de bio dans notre verre !

lundi 25 juin 2012

Whisky-session

Les Ecoenologistes délaissent le temps d’une soirée les vins qu’ils chinent chez leurs cavistes préférés (Auchan, Leclerc, Intermarché) pour s’intéresser à quelques whiskies du monde.
Dégustation dans les bois de quatre versions de cet « alcool de céréales vieilli trois ans en fûts de chêne usagés si t’es en Ecosse ou deux ans en fûts de chêne neuf si t’es aux Etats Unis et titrant au minimum 40° »
On démarre avec une étude comparée hautement symbolique entre le blend japonais le plus vendu (Nikka from the barrel) et un bon vieux Tennessee Whisky qui n’est pas celui que l’on croit : George Dickel Cascade Hollow.
Les Ecoenologistes, encore peu versés dans la dégustation du whisky, vont découvrir ce qui fait le charme des Bourbons et de leurs cousins du Tennessee. On rappelle qu’à la base de ces eaux de feu, il y a une majorité de maïs (plus de 50 % mais plus généralement 70) et que l’élevage se fait dans des fûts de chêne neufs, carbonisés qui libèrent les aromes de vanilles et de caramel qui font toute la gourmandise des whiskies américains. George Dickel est sur ce modèle, tout en restant assez sec, un côté cowboy à l’image de sa bouteille vintage, très marqué par le chêne dont le verre vidé (d’un geste sec) garde les parfums longtemps après la dernière gorgée avalée. L’étiquette rouge arbore fièrement, outre le nom de la distillerie historique « Cascade Hollow », l’appellation Tennessee Whisky qui depuis 1941 distingue ces spiritueux des bourbons parce qu’ils utilisent un filtrage à travers une couche de charbon de bois d’érable (« The Lincoln County Process ».)
A côté de l’américain, Nikka from the Barrel attend patiemment. Le nez reste flatteur, la douceur est de mise mais la complexité plus grande. Fruits et épices, légère fumée, peut-être le début d’une pointe de tourbe, ce n’est pas impossible. Le blend japonais est un mélange des deux distilleries du groupe Nikka : Miyagikyo et Yoichi. Cette dernière est réputée pour ses whiskies tourbés « à l’écossaise » selon le goût du père fondateur du whisky japonais : Masataka Taketsuru. Tombé amoureux de l’Ecosse et de ses whiskies peu avant 1920, il rentra chez lui avec une écossaise et la ferme intention de distiller au Japon. Les premiers whiskies  japonais datent de cette époque.
Notre Nikka titrant 51.4°, on lui impose une petite réduction à l’eau claire qui libère ses parfums d’abricot et de fruits au caramel. On retrouve des notes boisées et vanillées en bouche qui font le lien avec notre whisky américain dont les fûts pourraient avoir servi à faire vieillir certains whiskies du blend…

On attaque ensuite une découverte de la tourbe en revenant en terre écossaise. Dans le Speyside, tout d’abord, avec la distillerie Benromach. Pour se faire bien voir de la présidente des Ecoenologistes, il est toujours bon de dégotter un produit plus ou moins bio et d’en faire le clou de la dégustation. La chose est ardue avec les whiskies. Il y a bien une version « organic » chez Bruichladdich. On se rabat sur celle de la distillerie Benromach qui allie la finesse des Speyside à la tourbe insulaire. On plonge le nez dans cette tourbe bien dosée, on parle de céréales, de fruits, d’agrumes, le tout dans un bel équilibre. L’occasion de rappeler que le « tourbage » se fait au moment où l’on sèche l’orge qui a commencé à germer (malt=céréale germée ; Single Malt= provenance d’une unique distillerie). Le feu de tourbe (résultat de la fossilisation de débris végétaux et bon combustible) donne à la céréale, puis au whisky, ce goût incroyable, fumé, végétal, médicinal, goudronné et inimitable qui compte autant d’adeptes que de détracteurs. Ceci semble se confirmer ce soir encore. On sent chez Vincent « The Nose » un bon potentiel de fanatique de la tourbe prêt à s’inscrire au stage itinérant sur l’île d’Islay. On sent par contre un Nico plus réticent, d’avantage enclin à siroter un George Dickel sur son fidèle destrier, marchant vers le soleil couchant. Quant à Madame la Présidente, elle ne dit rien, ce qui n’est pas bon signe, et je sens qu’il faut que j’affute un peu mes arguments concernant le côté bio de ce whisky. Alors voilà. Apparemment, faire un « organic whisky »  n’était pas la première intention  de Benromach. Ils voulaient faire un élevage en fûts neufs, à la manière des bourbons donc, et c’est ensuite qu’ils se seraient dit que ces fûts, vierges de tout alcool américain à base de maïs transgénique, était un premier pas vers l’organic. Pas qu’ils franchirent en utilisant une orge certifiée 100% biologique. Et voilà le travail.
Les papilles sont prêtes à recevoir le coup de grâce d’un maître du genre. Le 4e et dernier whisky dégusté sera le Ardbeg 10 ans, emblématique breuvage de l’ile d’Islay, monstre de tourbe, mais un monstre non dénué de douceur. On s’étonne de sa couleur très claire, tranchant avec les deux premiers whiskies dégustés qui affichaient de séduisantes teintes caramel. La tourbe Ardbeg est bien iodée, la texture est crémeuse, évidemment le plus puissant des breuvages testés ce soir, une finale interminable dont une huitre du bassin d’Arcachon vient accentuer la note salée.


Au final, on a, sans en avoir l’air, fait une soirée Bourbon sans boire un seul Bourbon : Un Tennessee whisky (Bourbon qui ne dit pas son nom), un blend japonais (vieillissements en fûts de Bourbon), un Ecossais (Benromach) qui sur un coup de tête oublie sa tradition et utilise des fûts de chêne neufs (ben, comme les Bourbons, tiens…) et enfin un Islay qui vieillit exclusivement dans les fûts du Tennessee Whisky le plus célèbre qui soit.
Et bien c’était sympa, tout ça.

vendredi 8 octobre 2010

Découverte d'un vignoble : Château BAULOS-CHARMES (Pessac Léognan)

A l'occasion de notre mariage en 2009, des gens qui nous veulent du bien nous ont permis, Vincent et moi, de devenir web-vigneron le temps d'un millésime au Château Baulos-Charmes.

Le domaine se situe en limite sud de Bordeaux, au cœur d'une appellation connue et reconnue de par les vins produits, l’AOC Pessac-Léognan. Au coeur de cette appellation, le Château Baulos-Charmes est une propriété de 6 hectares, située entre deux crus classés de Graves. Nous avons eu l'occasion à plusieurs reprises de nous rendre sur "notre" parcelle (nous sommes web-vigneron sur une des parcelles) et notamment à l'occasion d'un stage assemblage. Voici donc un petit tour d'horizon d'un domaine fameux et compte-rendu d'une agréable journée passée au château (stage assemblage le 08.05.10).

Notre journée a commencé par une visite collective du domaine par son propriétaire, Sean-Matthys Meynard. Ce jeune et dynamique vigneron, pharmacien de formation mais plus encore épris de vin, a repris ce domaine très ancien en 2007. Depuis, avec l'aide d'un apprenti, il déploie une grande énergie dans la conduite de son vignoble dont il parle avec beaucoup d'enthousiasme. Le Château est en conversion Bio. Il pratique entre autre l’enherbement permanent de la vigne qui consiste à implanter, maintenir et à entretenir un couvert végétal entre les rangs de vigne.

Cette pratique, caractéristique des domaines en bio/biodynamie, constitue une alternative au désherbage chimique et au travail du sol. Ainsi entre les rangs de vignes on observe la présence de féveroles. Ces plantes, comme toutes les légumineuses, possèdent une caractéristique très intéressante, celle d'assimiler l'azote de l'air. La plante et le sol ne nécessitent ainsi pas d'apport supplémentaire en engrais azotés.


Suite à cette visite, notre initiation à l'assemblage a pu commencer.

Sous la direction d'une oenologue et du propriétaire de BAULOS-CHARMES nous avons appris à goûter et à identifier les caractéristiques des cépages, à les assembler selon les cuvées recherchées (potentiel de garde, arômes souhaités, etc.).

Nous avons même pu élaborer notre propre cuvée.


Après de nombreux tests et une large concertation, nous avons opté, Vincent et moi, pour une cuvée :
30% Cabernet Sauvignon,
35% Merlot (cuve neuve),
35% Merlot (cuve 2 ans).
Maintenant que l'alchimie opère, nous goûterons le résultat d'ici un an.

Enfin, la journée s'est clôturée autour d'une démonstration de fabrication de barrique. C'est beau et ça sent bon.
En un mot terminant, le château BAULOS-CHARMES, sous la conduite de son propriétaire, mêle passion et respect de l'environnement. Le vin quant à lui est bluffant. Nous l'avons goûté à deux reprises en séance de dégustation des Ecoenologistes, dont une à l'aveugle : certains l'ont pris pour un grand vin Espagnol, eu égard à ses notes de fruits rouges bien mûres qui remplissent le palais. Bravo BAULOS-CHARMES.

jeudi 1 juillet 2010

Quand les femmes s'en mêlent...

De découvertes en découvertes, en voici une intéressante : les chroniques d'une érudite du vin animée par le désir de bien boire et de partager les bouteilles qu'elle aime...
Ma copine idéale.
Pas de terme technique, c'est simple, drôle et efficace.
Son blog : « busurleweb »

mardi 22 juin 2010

Portrait d'Ecoenologiste

L'Ecoenologiste du jour se nomme :
Steve.

Caractéristique oenologique :

sensible au boisé des vins vieillis en fût de chêne, au côté suave et gourmand du Grenache ou autre Syrah...
Un vrai palais "du nouveau monde"
(comme indiqué ci-dessus)

L'Alsace - séance du 25.05.10

Durant cette séance les écoenologistes ont tenté de pénétrer la mosaïque de terroir que compte l'Alsace à travers ses vins. Cette mosaïque de terroir est le fait d'une mosaïque géologique qui remonte à environ 50 millions d’années, lorsque le fossé rhénan (passerelle entre les Vosges à l’ouest et la Forêt Noire à l’est) s’effondra. Depuis des zones de fractures très morcelées s'observent sur la totalité du vignoble offrant une complexité de terroir magnifique et variée en raison de la diversité structurelle et chimique des sols. Enfin, les vignobles généralement exposés sud, est ou sud-est, profitent d’un rayonnement solaire maximal. Ces atouts propres au vignoble alsacien favorisent une maturation lente et prolongée des raisins et des arômes d’une grande finesse. Notamment et surtout en blanc comme nous allons le découvrir. L'Alsace produit essentiellement des blancs, la production de rouges reste faible.

La séance s'organise ainsi autour de la dégustation d'un vin rouge (pinot noir) et de trois blancs.

1 - Pinot Noir, Terrasses, Pierre Frick - 2004. 15€ (La Sommelière à Colmar)
Vin rouge monocépage Pinot Noir.
[La plupart des vins d'Alsace et tous ceux dégustés durant cette séance sont monocépages. Ceci est une autre particularité des vins d'Alsace qui se démarquent de la tradition d'assemblage d'un grand nombre de territoires viticoles français mais se rapproche du territoire de la Bourgogne avec lequel je constate nombre de similitudes - mosaïque de terroir, lieu d'expression privilégié du Pinot noir, monocépage.]
Taille du domaine 12 ha. 6 personnes. Domaine en agriculture Bio depuis 1970 et en Biodynamie depuis 1981. Vinification et élevage en foudre. Intensité du vin foncée, teinte couleur pourpre. Au nez arômes simples, dominante empyreumatique (arômes de brûlé), souvent apportés par les fûts utilisés lors de l'élevage des vins. En bouche, attaque fuyante, de l'acidité, vin léger.

2 - Sylvaner, Laurent Barth - 2007. 8€ (La Sommelière)
Ce jeune viticulteur prometteur s'efforce de travailler un cépage souvent déprécié en Alsace. Celui-ci nous explique sa démarche sur un "site qui donne la parole aux vignerons".

Taille du domaine 7,6 ha qu'il gère seul. Travail manuel des sols, techniques viticoles mises en oeuvre dans la lignée de Zindhumbrecht, l'objectif poursuivi étant d'élaborer de grands vins. Domaine en agriculture Biologique depuis 2004, année où il a commencé à vinifier. Millésime 2007, très bonne année en Alsace. Vin d'intensité visuelle claire, intensité olfactive aromatique. En bouche attaque franche, de l'acidité. Vin vif et frais. TRÈS bon rapport qualité/prix, de l'or en barth...

3 - Riesling, Grand Cru Muenchberg, Ostertag - 2007. 31,80€ (La Sommelière)

Le domaine Ostertag, parmi les plus renommés d'Alsace, est une propriété familiale de 15 hectares répartis sur plus de 100 petits jardins de vignes dans 5 villages.
L'intégralité du domaine est conduit en biodynamie depuis 1998. Travail manuel de la vigne et des sols.
Vin élégant aux arômes subtils de fruits blancs (poire, pêche), de miel. En bouche, belle minéralité, vin rond et gras.

4 - Gewurtztraminer, Zellenberg - 2006. 16€ (La Sommelière)
Vin aromatique et épicé. Nez fleuri (fleur blanche) avec des notes de citron, de menthe. Bouche fruitée aux arômes de pêche et de litchi (caractéristique du cépage Gewurtztraminer). Belle acidité. Vin très agréable.